Gummy
était tellement impulsif, tellement destructeur, qu'il était
capable, en une seule nuit, de réduire à néant
une relation.
Cette fameuse dernière nuit, Lovie, qui pourtant, était
quelqu'un de doux et d'affectueux, lui était apparue comme une
rivale qui cherchait à le surveiller. De toute manière,
elle tentait souvent de le culpabiliser: selon elle, il passait beaucoup
trop de temps avec Goofie et René. Et puis il y avait ces matchs
de football et ces coups de téléphone interminables avec
sa mère Chiquita.
Dès lors, il n'avait plus eu confiance en Lovie. Il n'était
plus si certain d'être aimé. Aveuglé par ce sentiment
de doute, il ne cherchait plus désormais qu'à l'emporter
sur elle et à avoir raison. Et pour cela, il était prêt
à la détruire.
Après l'énième insulte, Lovie rassembla en un clin
d'oeil toutes ses peaux de rechange et tous ses produits cosmétiques.
Elle enleva aussi dans la salle de bain et la chambre à coucher
toutes les photos et tous les objets personnels.
Puis elle s'était acharnée à retrouver le CD que
lui avait offert le coq. Cet hypocrite prétendait que Lovie était
douée musicalement. Dès qu'elle chantait, il l'abreuvait
de compliments de manière hypocrite. A chaque fois, ces mensonges
mettaient Gummy dans une colère noire.
Au seul souvenir de ces scènes écoeurantes, Gummy déborda
de haine.
Du coup, Lovie se transforma en une sorte de ver rampant, laid, hideux,
qui n'avait même pas un peu de vernis sur ses ongles. L'arrogance
et la rage de Gummy firent le reste.
En guise de réponse, Lovie, avec un calme sidérant, avait
sorti l'aspirateur et avait nettoyé par terre toutes ses écailles,
les unes après les autres.
Elle avait ainsi, par un geste théâtral et définitif,
effacé toute trace de son passage.
Une fois qu'elle eut claqué la porte, la colère de Gummy
s'apaisa, et dans sa solitude glacée, il commença peu
à peu à reprendre ses esprits.
Pourquoi n'était-il pas parvenu à lui pardonner? Pour
un peu, il en serit venu à se justifier, en pensant qu'elle n'était
pas faite pour lui, puisqu'elle non plus n'avait pas fait le moindre
geste pour rester.
Vivre en couple posait de très graves difficultés à
Gummy. Il était d'une telle sensibilité, qu'il percevait
toujours chez les animaux une certaine hostilité et de la cruauté.
C'est pourquoi il devenait agressif envers eux. Ce n'était pas
de la méchanceté. mais plutôt une réaction
de défense. Le problème, c'est que cette agressivité
survenait même lorsque sa partenaire était une créature
très douce. Evidemment, cela perturbait totalement leurs rapports:
pour tout dire, cela les détruisait.
Tout devait avoir commencé alors qu'il était encore enfant
et que sa mère l'envoyait toujours se promener afin de ne plus
l'avoir dans les pattes. Tout cela bien sûr, enrobé de
mots gentils dont il comprenait cependant l'hypocrisie. Un exemple:
"Gummy, je t'en prie, va te coucher, cela te fera du bien",
phrase qu'il traduisait ainsi: "Gummy, fiche-moi le camp, je n'ai
pas que cela à faire". Il souffrait beaucoup de ce langage
mensonger. Il aurait préféré des insultes. Là
au moins, il n'y aurait pas eu d'ambiguïté, et ces insultes
l'auraient autorisé à ne plus s'occuper que de ses propres
affaires.
